La monarchie constitutionnelle advenue, Lafayette réclame l’abolition de la peine de mort et se remet à son rôle d’apaisement de la population, notamment lors du procès des ministres de Charles X fin décembre. Mais le 24 décembre, la Chambre vote une loi qui l’écarte du commandement de la Garde nationale. Il lui fera ses adieux le 1er janvier 1831. Il ne faut pas deux ans pour que Lafayette, qui a participé à l’établissement de ce nouveau régime, se retrouve dans l’opposition. Une opposition qu’il transmet à de nombreux pays, soutenant activement les mouvements républicains en Pologne, Italie et Grèce, et les soutenant par principe au Portugal, en Espagne et en Suisse.

84e anniversaire de la naissance de Thadé Kosciuzszko
Paris, Barbezat, 1830
« Le libraire J. Barbezat, unique éditeur d’ouvrages en langue polonaise à Paris, loge dans sa
maison rue des Beaux-Arts, n°6, le sieur Chodzko qui surveille ses publications. Une fois
par mois ce libraire donne un dîner, où il réunit quelques hommes de lettres qui écrivent
la plupart dans les diverses revues périodiques, telles que la Revue encyclopédique, la
Revue des deux Mondes, etc., toutes écrites dans un sens libéral. A l’exemple du
sieur Barbezat, le sieur Chodzko a établi chez lui des assemblées hebdomadaires,
où les mêmes personnes se réunissent pour entendre de la musique et causer soi-
disant littérature et sciences. M. Sowinski, pianiste, a l’habitude d’y écouter
des airs polonais. D’autres Français se joignent à ces réunions. Dans l’une d’elles, M. de
Lafayette a témoigné le désir de posséder le portrait de Kosciuszko, le seul, a-t-il dit,
de ceux des hommes qui ont combattu pour la liberté, qui manquât à sa collection.
Le sieur Chodzko eut l’idée de lui offrir ce portrait et pour donner plus de solennité
à l’hommage il imagina la fête qui eût lieu le 12 février passé, 84e anniversaire de la
naissance du général polonais.
« Voici les noms de quelques individus qui ont fait partie de cette réunion : outre
le sieur Chodzko, le général Pac, le sieur Sowinski, Mielzinski, Wodzinski, le sieur
Szezarnecki, alias Morawski. Parmi les nationaux, on a remarqué M. de Lafayette,
B. Constant, Jullien, éditeur de la Revue encyclopédique, V. Hugo, Kératry, Norvins,
Dubois, éditeur du Globe. » (Henri de Montfort, « Les idée françaises et les
intellectuels polonais en 1830 », Revue internationale de l’enseignement, n°84, 1930.)

Sur la scène intérieure, Louis-Philippe remplace Jacques Laffitte, réformateur par Casimir Perier, plus aligné sur sa politique conservatrice. De divers et nombreux éléments rendent la situation volatile : révoltes ouvrières, soulèvements contre-révolutionnaire, activistes de la cause polonaise ou épidémie de choléra. En juin 1832, les obsèques du général libéral Lamarque, où Lafayette tient une place d’honneur, donnent lieu à des affrontements entre républicains et les forces du pouvoir : les 800 morts témoignent que la Charte n’a finalement jamais été appliquée.

Les satisfactions de Lafayette à ce moment sont peut-être ailleurs. Pourquoi rester dans l’agitation permanente ? Pourquoi ne pas mieux trouver son plaisir à Lagrange, dont les bêtes ont été primées en septembre 1832 ? Pourquoi ne pas se contenter, malgré une légitime inquiétude, de la fierté de savoir son fils continuer le combat de la liberté au Portugal ?

Attaque et prise du Louvre

Portrait de Louis-Philippe Ier

Cortège de Lafayette au retour du
convoi de Lamarque

Révolution de juillet 1830. Lafayette reçoit Louis Philippe à l’Hôtel de Ville

Petit drapeau tricolore
en tissu, accompagnant
une lettre d’anciens
gardes nationaux

1830/1834 Révolution
monarchie de juillet
Musée Carnavalet

Lambeaux de drapeau
russe encadrés et offerts à
Lafayette par les polonais
révoltés