Le 7 février 1824, Lafayette reçoit une invitation officielle du président américain MONROE. Revoir l’Amérique, rallumer une flamme de jeunesse, briller sans ombrage, agiter les souvenirs, voilà ce qui pousse Lafayette à accepter l’offre. Le 13 juillet, en compagnie de son fils, de son secrétaire Levasseur et de Bastien son serviteur, il

embarque au Havre sur le Cadmus, cap sur New York. L’objet du voyage d’adieu, ou Farewell Tour, est d’honorer l’un des derniers symboles de l’indépendance, présenter les progrès de la nation, espérant créer un climat politique enthousiaste avant les prochaines élections présidentielles américaines.

Le voyage de deux ans est une succession de banquets, d’embrassades, de commémorations, à travers les villes du pays. Fanfares, cadeaux, drapeaux : c’est une statue de chair et d’os qu’on promène dans les vingt-quatre Etats de l’Union. Tout participe à l’écriture du récit national, au culte des héros. Lafayette en est charmé et profondément ému. Sa gloire, forgée outre-Atlantique, va s’y recharger et reconstruire son poids politique en France.

Port de New-York en 1824

Maison dans laquelle Lafayette a habité lors de son passage à Alexandria (Virginie) en 1824

Insigne des Cincinnati de George Washington offert à Lafayette le 6 septembre 1824

Portrait gravé de George Washington, B.Trott, d’après Gilbert Stuart, ca. 1820

Boîtes cartonnées regroupant les notes, coupures de presse et imprimés consignés par Auguste Levasseur, secrétaire de Lafayette lors de la tournée triomphale du Général aux États-Unis (1824-1825)

Paire de gants à l’effigie
de Lafayette, 1824

Théière, tasse et sous-tasse, d’un
service à thé représentant Lafayette
sur la tombe de Benjamin Franklin

Portrait de Lafayette piqueté sur une feuille de chêne et monté dans un face à main, ca. 1824

Ruban commémoratif à l’effigie de Lafayette, 1824-1825

Ce chapeau haut de forme en paille aurait été offert à Lafayette par le Docteur Francis Kinloch Huger, qui s’était vaillamment dévoué pour le sauver des prisons d’Olmütz, ca. 1824

Robert Waln, Life of the marquis de La Fayette, Philadelphia, J. P. Ayres, 1825

Robert Waln est un ancien représentant
de Pennsylvanie qui a été témoin du « Farewell Tour » de Lafayette. Sa biographie est la première publiée du
vivant du général. Elle a connu deux
tirages lors de sa première année.

Bijou maçonnique et sa rosette, dans son écrin, ca. 1800

Tablier compagnonnique imprimé, ca. 1824-1825

Au cours de sa tournée américaine, Lafayette s’offrit un détour jusqu’à Monticello afin de revoir son ami Jefferson, auteur de la Déclaration d’indépendance et président de 1801 à 1809. Ce dernier s’éteindra dans sa demeure le 4 juillet 1826, soit cinquante ans jour pour jour après la signature de la Déclaration d’Indépendance qu’il avait rédigé.

De retour au calme de Lagrange, Lafayette constate la marche contre-révolutionnaire de Charles X tandis que l’opposition libérale progresse. Ses liens avec les nouvelles sociétés américaines se renforcent. Il manifeste aussi son fraternel soutien à l’étranger, au sud-américain Simon Bolivar ou aux combattants philhellènes. Il ne manque que la députation pour un emploi du temps politique complet. Dès novembre 1827, Lafayette représente à nouveau la Seine-et-Marne. Ses propositions au gouvernement se font plus précises : maîtrise budgétaire, réformes sociales, instruction élémentaire.

« À son retour d’Amérique, M. de la Fayette avait été peint en pied par Ary Scheffer ; ce portrait, que Mme de Montagu n’avait pas encore vu, la préoccupait beaucoup. Le général se serait-il fait peindre tenant à la main la fameuse Déclaration des droits de l’homme ? A sa première visite à Fontenay, elle ne manqua pas de lui demander quelle pose il avait choisi. Cette curiosité le fit sourire. –  "Eh bien ! ma chère sœur, je suis debout, me promenant, ma canne et mon chapeau à la main ; comme cela, ajoute-t-il en prenant à peu près la pose du portrait. – Et l’autre main ? dit Mme de Montagu qui n’en voyait qu’une d’occupée. – Elle est dans ma poche, repartit le général, ce qui vaut mieux, chère sœur, que de l’avoir dans celle des autres." »

Deux médailles en hommage à Lafayette, député de l’arrondissement de Meaux,

Passeport de libre
circulation en France,
accordé à Lafayette pour une durée
d’un an.

État des pâtisseries fournies pour le compte de Monsieur de Lafayette

L’opposition que figure Lafayette va mener Charles X à le renvoyer. Peu importe, en 1828, Lafayette réédite sa remontée dans le temps en voyageant, cette fois, dans l’Auvergne de son enfance avant d’entreprendre un périple qui lui fera traverser le Dauphiné, le Lyonnais et la Bourgogne. Le Puy, Grenoble, Vizille ou Lyon, accueillent son passage chaleureusement, particulièrement les loges locales. La décennie s’achève mais Lafayette perçoit qu’il reste encore une dernière chance pour la défense de ses principes politiques.

Médaille éditée en souvenir du sacre de Charles X