Miniature du général Lafayette à l’âge de 61 ans

Durant les deux périodes de restauration, les présences de Lafayette à Paris ou Lagrange suivent les variations du thermomètre politique. De plus, les manœuvres en France des armées coalisées contre Napoléon mènent à plusieurs périodes d’occupation du château de Lagrange. Que ce soit lors de la Restauration sous Louis XVIII ou lors des Cent-jours de Napoléon, Lafayette n’a qu’une fidélité : la Constitution. La moindre tendance auto- ritaire des pouvoirs successifs l’éloigne de son idéal constitutionnel et des responsabilités publiques.

« A peine rentré en France, mes amis m’ont demandé des Mémoires ; j’ai trouvé des excuses dans ma répugnance à faire une sévère part aux premiers chefs jacobins, associés depuis ma proscription ; aux girondins, morts pour des principes qu’ils avaient combattus et persécutés en moi ; au roi et à la reine, dont le sort déplorable ne permet plus que de s’honorer de quelques services envers eux ; à des royalistes vaincus, dépouillés et soumis aujourd’hui à des mesures arbitraires. Je devrais ajouter qu’heureux dans ma retraite, au sein de ma famille et des plaisirs agricoles, je n’ai pas un moment à retrancher de ces jouissances domestiques. Mais ici encore j’éprouve les mêmes instances, et, pour transiger avec elles j’ai consenti à mettre en ordre les papiers qui me restent, à recueillir des pièces déjà publiées, à lier par des notes cette collection où mes enfants et mes amis pourront trouver quelques matériaux d’un travail moins insignifiant. Quant à moi, j’avoue que mon indolence sur cet objet, tient à la confiance intime où je suis que la liberté finira par s’établir dans l’ancien monde comme dans le nouveau, et qu’alors l’histoire de nos révolutions mettra chaque chose et chacun à sa place. »
Mémoires, correspondance et manuscrits du Général Lafayette, publiés par sa famille, Paris, H. Fournier Ainé, 1837

Pourtant l’envie d’exister dans le champ politique perdure. Malgré deux échecs aux précédentes élections législatives, Lafayette est élu député de Seine-et-Marne en mai 1815. Le mois suivant, la nouvelle de la défaite de Waterloo, où Napoléon pensait se recharger de gloire, encourage Lafayette à réclamer l’abdication. Non réélu dans son département, Lafayette le sera dans la Sarthe, plus favorable aux libéraux, groupe qui s’agglomère autour de Jacques Laffitte, avec Casimir Perier, Jacques-Antoine Manuel ou Benjamin Constant. Régulièrement à la tribune, les prises de position de Lafayette ont trait aux libertés individuelles ou à l’organisation politique, toujours plutôt novatrices.

Ces équilibres politiques ne peuvent satisfaire un Lafayette qui conserve son goût de jeunesse pour les brusqueries partisanes. La charbonnerie, un mouvement initiatique et insurrectionnel italien, essaime en France dans un climat frustrant pour les libéraux. « Ce qu’il n’avait pas envisagé contre la royauté de Louis XVI, il allait l’entreprendre au nom de la Révolution contre Louis XVIII. » Durant ces années, certaines loges maçonniques vont fomenter des complots. Lafayette est notamment cité, sans être publiquement impliqué, dans la conspiration manquée de Belfort le 29 décembre 1821. Il soutient par ailleurs l’action du général carbonaro Guglielmo Pepe à Naples et s‘indigne de la peine de mort infligée au général factieux Rafael del Riego en Espagne. Aux législatives de 1824, le nombre de députés libéraux se réduit drastiquement. Lafayette n’échappe pas au couperet des urnes.

Tabatière des députés

Charte de 1814 imprimée sur une guirlande contenue dans un écrin en forme de médaille à l’effigie de Louis XVIII

Boîte en cristal sertie d’or renfermant une partie de la cravate du général Riego

Livre offert à Lafayette par Miguel del Riego, frère du général

Le 5 mai 1821, après six années de détention sur l’Île de Sainte-Hélène, Napoléon Bonaparte meurt d’un ulcère dans la propriété de Longwood.