A l’âge de onze ans, Lafayette quitte Chavaniac
pour Paris où il entre au collège du Plessis. Il y
développe les qualités d’un bon latiniste. Qualités
qui lui permettront plus tard de converser en latin
avec son médecin, lors de sa détention à Olmutz.
Ce livre de prix offert à Lafayette pour ses
progrès en latin est la première édition en
français du De jure pacis et belli qui
fonde le droit international moderne sur la
notion de droit naturel. C’est l’ouvrage le plus
important de Grotius (Hugo de Groot), un des
érudits les plus éminents en matière de droit
et de diplomatie au XVIIe siècle.
Grotius, Le Droit de la guerre et de la paix,
Paris, Arnould Seneuze, 1687
Le 3 avril 1770,
le jeune homme
perd sa mère et,
quelques jours plus
tard, son grand-
père La Rivière,
qui était devenu
son curateur. Alors
qu’il n’a que de 13
ans, il se retrouve
totalement orphe-
lin et riche d’une
fortune considé-
rable.
Cet exemplaire personnel
de Lafayette semble lui
avoir été offert comme
livre de prix. Il témoigne
de l’importance de la
formation militaire dès le
plus jeune âge.
En 1770, la France
et l’Autriche s’allient.
« Feu d’artifice tiré à la place de Louis XV le 30 mai, à l’occasion du mariage de Louis
Auguste Dauphin de France avec l’Archiduchesse Marie-Antoinette sœur de l’Empereur. »
Auteur anonyme, graveur Basset,
Musée Carnavalet/Paris musées
Publié en 1769, The American Traveller a pu nourrir la soif de découverte du jeune
Lafayette, et attiser l’antagonisme envers l’éternel rival britannique, six ans après la
terrible perte de la Nouvelle-France au Traité de Paris et dix ans après la bataille de
Minden qui vit le dernier souffle de son père.
Comme tout noble de
son temps, Lafayette ne
peut être que militaire.
Le 9 avril 1771, grâce au
comte de La Rivière, son
grand-père, il rejoint les
mousquetaires noirs et
commence son éducation
d’élève-officier à l’académie
de Versailles. Il atteint sa
quatorzième année lorsqu’il
apprend que le comte de La
Rivière a arrangé son mariage
avec Melle de Noailles, alors
âgée de douze ans.
« Ceux qui l’ont connu dans son adolescence, le comte de La Marck, le comte de Ségur, le représentent
comme un peu gauche, un peu embarrassé de sa personne, fuyant le monde, sérieux, d’un excellent
caractère, d’une grande bonté et d’une bravoure à toute épreuve.
Sa taille était très élevée, ses cheveux roux. Il recherchait néanmoins avec soin ce qu’on appelait alors le
bon air, mais il montait mal à cheval ; et, à cause de sa taille, il dansait sans grâce. Les jeunes nobles
avec lesquels il vivait se montraient plus adroits que lui aux exercices alors à la mode, au jeu de paume;
mais tous l’aimaient. Comme le jeune La Fayette avait la libre disposition de ses revenus il avait
beaucoup de chevaux et les prêtait avec obligeance à ses amis. »
A. Bardoux, La jeunesse de Lafayette 1757/1792, Paris, Calmann-Lévy, 1892
Le 11 avril 1774, le
jeune mousquetaire
âgé de 16 ans épouse
Marie-Adrienne
Françoise de
Noailles, qui n’a
que quatorze ans.
Ce mariage introduit
Gilbert de Lafayette
dans l’une des familles
les plus puissantes de la
cour et les plus proches
du roi. Cette alliance lui
ouvre grand les portes de
la maison militaire du roi.
Il obtient une compagnie
au régiment des dragons
de Noailles, qu'il
commandera dès ses
dix-huit ans.
Le 16 décembre 1773, des colons américains prennent
d’assaut des navires britanniques transportant du thé
dans le port de Boston et jettent la cargaison à l’eau
pour manifester leur désaccord avec le Tea Act, qui ac-
corde à la Compagnie des Indes orientales le monopole
du commerce du thé en Amérique du Nord et en Eu-
rope. Cette révolte exprime le désaccord des patriotes
américains face aux taxes britanniques.
Quelques voyages, comme capitaine à Metz,
où le régiment de Noailles tenait garnison,
occupent une partie de l’été de 1774. Lafayette
revient au mois de septembre, et, grande nou-
veauté de ce temps-là, il choisit de se faire
inoculer contre la variole. Présenté à la Cour, le
jeune couple participe chaque semaine au bal de
la reine. Lafayette ne se plie pas volontiers aux
grâces de la Cour et à ses frivolités.