Le 11 janvier 1779, Lafayette embarque sur l’Alliance à Boston, à destination de Brest, où il débarque en Général américain le 6 février pour rejoindre Versailles le 12 où Vergennes et Maurepas l’ont convoqué. En ambassadeur des Insurgents il va s’employer à sensibiliser l’opinion publique et les ministres au sort de la révolution américaine.
S’il l’absout de son départ sans permission, le Roi lui inflige cependant huit jours d’arrêt de rigueur chez le maréchal de Noailles, grand-père d’Adrienne. Cette sanction n’est que formelle : accueilli comme un héros, Lafayette est très vite invité aux chasses royales.
« En passant à la cour... je fus interrogé, complimenté et exilé, mais à Paris ; et l’enceinte de l’hôtel de Noailles fut préférée aux honneurs de la Bastille, pour laquelle on penchait d’abord. Quelques jours après j’écrivis au Roi pour reconnaître mon heureuse faute ; il me permit d’aller recevoir une réprimande douce, et en me rendant ma liberté, on me conseilla d’éviter les lieux où le public pourrait consacrer ma désobéissance. À mon arrivée, j’avais l’honneur d’être consulté par tous les ministres, et ce qui vaut bien mieux, embrassé par toutes les femmes. Les baisers cessèrent le lendemain ; mais je conservai plus longtemps la confiance du cabinet, et j’eus à Versailles l’existence de la faveur comme à Paris celle de la célébrité. On parla bien de moi dans tous les cercles, même après que la bonté de la reine m’eut valu le régiment du Roi dragons. »
Le 29 août 1779, cette épée réalisée par Saint-Liger, orfèvre de Louis XVI, est remise au Havre à Lafayette par le petit fils de Benjamin Franklin en témoignage de la reconnaissance américaine pour les services rendus par le Général.
Lors de la terreur, Adrienne enterra cette épée à Chavaniac pour la protéger du vandalisme révolutionnaire.
« Il finira un jour, disait en riant le comte de Maurepas, par démeubler Versailles pour le service de sa cause américaine ; car, quand il a mis quelque chose dans sa tête, il est impossible de
lui résister. »
Mémoires, correspondances et manuscrits du Général Lafayette, ibid., p. 29
Durant le peu de temps où Lafayette demeure en France, il cherche à convaincre le Roi et ses ministres de la nécessité d’offrir un soutien naval aux nouveaux alliés de la France. Le 1er mars 1780, le Roi confie le commande- ment d’un corps expéditionnaire de 6000 hommes au maréchal de camp, le comte de Rochambeau, nommé lieutenant-général pour l’occasion.
Lafayette reprend alors sa fonction de major général des forces américaines pour servir de liaison entre Rochambeau et Washington.
Le 29 février 1780,
Lafayette est reçu, en uniforme américain, par Louis XVI et Marie-Antoinette à Versailles pour une cérémonie d’adieu. Une semaine plus tard, c’est au tour des ministres de saluer son départ pour Rochefort où il rejoint la frégate appareillée pour son retour aux États-Unis.
Le 24 décembre 1779,
Adrienne donne naissance à un fils qui reçoit
les prénoms de « George Washington »
et dont le général en chef accepte d’être le
parrain.
Le 20 mars, Lafayette embarque sur l’Hermione pour retrouver le commandement de Washington, informer le Congrès et préparer l’arrivée des secours. Cette deuxième traversée vers l’Amérique, le conduit à Boston le 27 avril.